![]() Accueil festival |
Programme de la table ronde Page mise à jour le : |
Le samedi 21 mai 2005 vers 17h30, une table ronde invitera à débattre du thème :
"Production agricole, patrimoine culturel".
Le modérateur des débats sera Jean-Louis TORNATORE (Maître de conférence à l'Université de Metz).
Parmi les intervenants présents :
Après une course presque sans limites vers les plus hauts rendements, aiguisant la concurrence la plus vive, exigeant toujours plus de technologie, de chimie, d'investissements matériels et produisant les effets que l'on sait pour aller vers une standardisation des produits et donc des goûts, il semble que producteurs et consommateurs aient senti que cette fuite en avant menait à des impasses. Ecologiques et économiques, ces menaces engageaient aussi la santé et la qualité de vie des hommes.
Le désir d'un retour aux produits du terroir, aux légumes bios, à l'élevage traditionnel, ne sont pas que des effets de mode marginaux, réservés à une clientèle ayant les moyens de s'offrir le plaisir du produit authentique, respectueux des saveurs et des savoir-faire.
Longtemps, ce désir a été moqué comme une utopie, ou un refuge passéiste contre le progrès nécessaire. Pourtant, ce désir touche au plus profond de chacun et nous rappelle qu'au-delà des quantités et des gains, ce sont outre les saveurs perdues, les techniques et les pratiques sociales autour de la production et de l'alimentation qui sont menacées. Et ce n'est pas là qu'affaire de nostalgie, chacun le sent bien.
Les débats autour des vins de qualité, des fruits d'autrefois fragiles mais goûteux, autour des fromages à la française... et à l'inverse le rejet des poulets insipides et des aliments calibrés, normalisés, et sans odeurs… ne sont pas nouveaux. Jean Ferrat nous le chantait hier. Mais ces débats sont à présent au cœur des enjeux de la cité.
Une recherche dont le seul objectif serait la satisfaction au moindre coût des besoins biologiques de chacun, sacrifiant tout le reste au passage, se ferait contre le plaisir que nous éprouvons tous à manger et boire, seuls ou entre amis. Là est l'enjeu culturel.
Ce n'est pas qu'un luxe de nantis, c'est aussi un héritage. Au même titre que les savoirs des artisans et des artistes disparus, que l'on admirera dans un bâtiment, une cathédrale ou un musée, l'amour du produit bien élevé, affiné selon ses rythmes et ses lieux adéquats, le soin apporté à la conservation d'espèces, à la taille, à l'élevage minutieux d'une plante ou d'un animal, méritent tout autant d'être préservés. Ils méritent d'une certaine façon d'être classés à notre inventaire, au patrimoine des hommes, comme autant de gestes, de regards, d'appréciations éphémères, difficiles et longues à transmettre. Certes, ces pratiques ne s'inscrivent pas dans une œuvre matériellement durable, mais leur perte déjà bien avancée ne menace-t-elle pas durablement nos sociabilités ?